je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 9 février 2016

Philippe Claudel : L'arbre du pays Toraja

     L'arbre de Toraja se trouve en Indonésie, sur l'île de Silawesi, et c'est une sépulture. Dans son tronc est creusée une cavité qui recueille la dépouille d'un jeune enfant. Ensuite la tombe va être fermée en mêlant branchages et lianes. Ainsi, l'arbre se referme et garde le corps pour mieux continuer à s'élever et vivre.
     Belle et sombre métaphore qui donne à la construction du livre de Claudel, un souffle d'une grande beauté et nous fait retrouver ici le style de l'auteur que nous aimons tant.
     Le narrateur revient d'un voyage au pays des Toraja. Cinéaste, la cinquantaine, il travaille sur le scénario d'un prochain film, La fabrique intérieure.
     La mort de son meilleur ami et éditeur, Eugène, le choque profondément et le plonge au coeur de lui-même, le conduisant à des réflexions profondes sur l'existence même.
     Il s'interroge sur la vie, sur les corps qui vieillissent, la maladie qui dégrade, la mort qui surgit et fait disparaître les êtres aimés.
     Comment peut-on continuer ?
     Cherchant à comprendre l'apparition de la maladie sur un corps, il rencontre une jeune femme médecin, Elena qui devient l'illumination de sa vie.
     Malgré leur divorce, il est resté très proche de son épouse Florence.
     Deux femmes dont les portraits restent une lumière dans son existence.
     Au coeur de ce livre, Claudel nous entraîne dans des méditations profondes et obsédantes : la mort, l'engagement amoureux. Malgré ses thèmes sombres, le livre reste un chant à la vie et à l'amour, surtout l'amour.
     Comment faire face au temps qui passe, aux êtres qui s'en vont, que restent-ils de nous ?
     Les phrases sont fluides, longues et magnifiques. Claudel mêle passé et présent pour nous montrer l'inéluctable.
     Les sentiments sont décortiqués avec pudeur et sincérité.
     Un très beau livre que l'on a envie de reprendre, pour retrouver les mots, le style de cet auteur de talent qu'est Philippe Claudel.
     Pour ne citer qu'un seul passage : "Poursuivre sa vie quand autour de soi s'effacent les figures et les présences revient à redéfinir constamment un ordre que le chaos de la mort bouleverse à chaque phase du jeu. Vivre, en quelque sorte, c'est savoir survivre et recomposer".
Philippe Claudel - L'arbre du pays Toraja - Editions Stock - 216 Pages - 18 Euros

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